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Perdue

Peut-être, si jadis tu suivais ce blog, peut-être tomberas-tu sur ce billet ? Ou peut-être pas… En fait, ce n’est pas ce qui compte… Et si tu n’étais jamais venu, je te souhaite la bienvenue !

Quand j’ai débuté ce blog (en fait techniquement c’était un autre), le 9 Avril 2011, je l’ai fait avant tout parce qu’écrire me faisait du bien. Alors bien sûr, j’avais choisi la thématique du voyage parce que c’était ce qui me passionnait. Mais j’aurais tout autant pu ne pas écrire, de nombreux passionnés de voyages ne bloguent pas. Non j’avais besoin de bâtir un petit quelque chose. Quelque chose qui soit à mon échelle. Quelque chose qui me permette surtout de me vider la tête. Quelque chose qui me fera un peu oublier que nous n’arrivions pas à avoir d’enfant.

Je n’ai jamais eu de qualités rédactionnelles. Mes premiers articles étaient vraiment mauvais. Mais écrire, c’est un peu comme tout, cela s’apprend. Je n’ai pas la prétention de bien écrire, loin s’en faut ! Mais j’écris mieux. Il m’a fallu 1 an pour prendre confiance en moi, et oser montrer mes mauvais écrits. Parce que ce petit journal de voyage pouvait peut-être intéresser d’autres personnes. Alors j’ai commencé à le partager sur Hellocoton et vous avez été 1, puis 2 puis 10, puis 50 et plus à m’y rejoindre. Aussi imparfaits qu’ils étaient, mes écris ont trouvé leur public.

Et puis, entre temps, un grand bonheur se préparait. Elle était là, au creux de mon ventre, et tout allait bien. Tout allait bien pour elle, mais je n’allais pas bien, j’avais peur. L’angoisse de la perdre, l’angoisse de ne pas être à la hauteur. A côté de moi, mon mari ne s’impliquait pas beaucoup émotionnellement. Il a tout bien fait, il m’a accompagnée à tous les rendez-vous médicaux quand il le pouvait, il a fait la chambre de sa fille, il était présent. Mais il avait du mal à se projeter en tant que papa. Tant qu’elle n’était pas née, elle n’existait pas encore vraiment. Je ne sais pas si c’est parce qu’il est un homme, ou si c’est le traumatisme de la PMA, ou encore juste parce que c’est lui… Mais voilà elle n’existait pas vraiment pour lui !

Pourtant, elle était bien là ! Je la sentais toute la journée donner des coups de pieds, se retourner, avoir le hoquet. Je ne la connaissais pas encore, mais je connaissais ses habitudes intra utérines ! J’ai eu besoin de parler de cette enfant qui grandissait en moi. Alors le blog de voyage et devenu un blog tout court. Un blog de maman, de voyage, de DIY… Un blog de tout ce qui me passait par la tête ! J’écrivais au gré de ce qui me plaisait. Et vous avez été encore plus nombreux à me suivre !

La naissance, les premiers mois, le premier voyage, le premier anniversaire, j’ai tout partagé avec vous. Mais je tenais à rester anonyme. Cela me donnait une plus grande liberté de parole. Et surtout, je me fiche du jugement des inconnus, mais pour les proches ou connaissances, c’est tout autre chose. Les gens sont bavards. Ouvrir une porte sur sa vie, c’est prendre le risque qu’elle soit commentée. Sans être quelqu’un de particulièrement secret, je tiens à préserver un minimum mon intimité. Mais ça n’a pas duré, Lily J avait 16 mois quand j’ai perdu mon anonymat.

Je rentrais de mon premier E-Fluent, j’avais assisté à une conférence sur Google +. Ni une, ni deux, je créé en vitesse mon compte Google +, y partage un article, me dit que je n’y comprends rien et que je regarderai le lendemain comment fonctionnent les cercles. Sauf que le lendemain, un collègue à mon mari a fait une recherche sur mon nom, a trouvé mon profil Google +, le lien vers le blog et l’a dit à tous les gars du bureau ! Lesquels se sont bien évidement empressés d’aller chercher les passages croustillants sur l’homme. Mon mari est quelqu’un qui cloisonne beaucoup sa vie. Le travail reste au travail et la maison à la maison. Autant vous dire que la soirée a été animée !!! De là, il a fallu que je me censure. Tout écrit mentionnant l’homme devait être soumis à validation. Il m’a demandé de retirer des dizaines de billets, des centaines de photos. Malgré cela, j’ai continué à bloguer.

C’est à cette période que j’ai décidé de quitter mon job. Avec le recul, je ne saurais vous dire si j’ai bien fait ou non. J’ai quitté un emploi stable, dans une société en plein essor. Mais ce qui est sûr, c’est ce que j’avais besoin de temps pour moi à ce moment-là et cela m’a fait du bien. J’avais à présent du temps pour écrire et développer mon blog. Et c’est ainsi que vous avez été jusqu’à plus de 10 000 à venir me lire chaque mois en 2015. Pour certains c’est peu, pour moi, c’était juste fou !

Mais quelque chose s’était brisé depuis la perte de mon anonymat. Je voulais rester anonyme précisément parce que je craignais la médisance, et mes craintes étaient justifiées. L’homme a eu des remarques encore. Mes proches n’ont pas compris mon « besoin d’étaler ma vie ». Petit à petit, cela m’a rongée. J’ai commencé à moins parler de nous et surtout de Lily J. J’ai fini par ne partager presque plus que des banalités. C’est aussi une période de ma vie où j’ai repris la lecture, et j’ai voulu partager cela avec vous. Mais vous ne m’avez pas suivie. En même temps, je conçois que les bouquins sur la renaissance anglaise ne passionnent pas tout le monde !!! Tant pis…

Puis, Hellocoton a changé radicalement, ne publiant plus de sélection journalière. Un pourcentage non négligeable de mes vues venait de ce réseau. Pour tout vous dire, c’était ma source de visites n°1, devant Facebook, Pinterest et Google ! Quasiment du jour au lendemain, les visiteurs provenant de ce réseau ont été divisés par 10 ! Je ne vous cache pas que cela a été la douche froide, mon blog n’était quasiment plus lu.

J’étais perdue. Perdue entre mon envie de bloguer et celle au contraire de tout garder pour moi. J’ai la sensation, qu’avec l’arrivée de Snapchat, les stories Instagram et la multiplication des daily vlogs sur Youtube, qu’un lecteur voudra en savoir toujours plus sur le blogueur qu’il lit. Les blogueurs, qui sont d’ailleurs devenus des influenceurs, s’affichent de plus en plus dans leur quotidien. Je savais que si je voulais gagner des nouveaux lecteurs il fallait que je donne plus, que je réduise la distance. Parce que dorénavant, ce que le lecteur attend, c’est de la proximité. Mais je n’en avais pas envie.

Et puis, ce n’était pas si grave si mon blog plaisait moins, parce que 2017 a été une année tellement riche que je l’ai laissé de côté. En 2017, j’ai appris. J’ai appris à faire des choses dont je ne me pensais pas capable, à utiliser de nouveaux outils. J’ai appris aussi beaucoup sur moi-même. Je me suis découverte des faiblesses, j’ai échoué là où je pensais réussir. Il y a eu de grands bonheurs, des rires avec des personnes formidables, des disputes, des incompréhensions, des nouvelles qui font mal.. J’ai jonglé toute l’année entre l’exhalation des hauts, et le désespoir des bas…

2018 a commencé de façon encore plus intense. Tellement intense que je ne publiais quasiment plus rien sur mon blog. J’ai jonglé comme j’ai pu avec un travail extrêmement chronophage et ma vie de famille. Le reste passait après… Les mauvaises nouvelles se sont accumulées et finalement je me suis laissée emportée dans le tourbillon de ma vie. Ce travail était certes chronophage, mais m’offrait un but à poursuivre, m’évitant ainsi de sombrer. Et puis un jour, je me suis pris une grosse claque ! J’ai perdu ce travail qui était à la fois mon bourreau et ma bouée de sauvetage.

Je n’ai pas compris ce qu’il s’est passé. D’ailleurs 2 mois et demi plus tard, je ne suis toujours pas sûre d’avoir compris. Je ne suis pas sans reproche, et je n’étais pas la meilleure dans mon domaine. Mais je n’ai pas vu le vent tourner. J’ai eu mal, de la peine, beaucoup de colère et aussi, beaucoup de temps de libre… Il a fallu que j’affronte le vide, que j’encaisse cette nouvelle en plus de tout le reste. Ça a été difficile… L’été fut le théâtre de nouvelles mauvaises nouvelles. j’allais mal. Me lever le matin me demandait un effort immense, mais je le faisais, pour elle. Me coucher était impossible autrement qu’en tombant de fatigue devant la télévision tôt le matin… Le vide m’a tout de même offert du temps pour moi, pour réfléchir et me reconstruire. Et finalement, les choses se tassent petit à petit… Rien n’est réglé, les problèmes sont toujours là, mais j’accepte et je suis prête à aller de l’avant.

J’ai hésité pendant des mois à poursuivre mon aventure blog. D’ailleurs, j’ai très peu publié pendant de nombreux mois. Et à ma grande surprise, vous êtes nombreux à être toujours là, à me rendre visite tous les jours. Pourquoi je vous écris tout ça ? Moi-même je ne sais pas trop… J’ai vécu à toute vitesse sans avoir le temps et l’énergie de continuer à bloguer. Mais voilà, à trop courir, je me suis perdue. Aujourd’hui, j’ai à nouveau besoin d’écrire et partager un petit bout de ma vie avec vous. Parce qu’écrire a toujours été thérapeutique pour moi. Et aussi parce que vos mots m’ont toujours beaucoup aidée. Je ne sais pas si je parviendrai à trouver un équilibre, à ne pas en dire trop, mais à me livrer un peu quand même. Mais j’ai envie d’y arriver ! A très vite…

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