J’ai eu des chagrins d’amitié, que je ressasse encore quelquefois, des années après.
Certaines amitiés, je les ai laissées filer. D’autres, j’ai eu l’impression de courir après, sans réciproque. L’amitié, cela s’entretient oui. Mais ça évolue aussi.
Est-ce le fait que je sois devenue mère qui a changé ces relations ? Et que ces amis, eux, ne sont pas encore parents ?
J’ai été la première à devenir maman, et encore aujourd’hui, je suis la seule parmi mes amis, trentenaires ou presque, à avoir eu un enfant. Je ne suis plus aussi disponible, je le sais. Je me suis éloignée sans m’en rendre compte, car l’arrivée d’un bébé créé un certain isolement, du moins les premiers mois. On s’enferme dans sa bulle, à trois, et on vit au rythme (assez chaotique) du nourrisson. Et on grapille les moins minutes de calme pour se reposer ou terminer ce qu’on l’on a l’impression de ne jamais réussir à terminer. On veut dormir. DORMIR rien qu’un peu (mais on préférerait beaucoup).
On s’oublie un peu, et sans doute que j’ai oublié les autres aussi. Il me semble que dans ces moments-là, j’aurais aimé savoir que mes amis étaient présents. Peut-être avaient-ils peur de nous déranger dans notre bulle, c’est fort possible.
Ce que j’aimais, c’était boire un verre en terrasse…
Et fumer une clope avec mon amie tout en refaisant le monde.
Ce que j’aimais, c’était ces fêtes impromptues dans une chambre de cité universitaire, où les choses les plus improbables pouvaient arriver.
Ce que j’aimais c’était les heures passées au téléphone, l’oreille chaude et le chargeur branché pour continuer de rire et de converser avec légèreté. À n’importe quelle heure, même la nuit.
Ce que j’aimais avec mes amis, c’était l’improvisation totale et le sentiment de liberté. Mais quand on devient parent, on ajoute de l’organisation et du prévisible à notre vie.
J’ai en tête mes 30 ans, en début d’année.
J’avais pensé faire une grande fête, j’adore ça les fêtes. Et marquer le coup pour le changement de dizaine. Au fur et à mesure que je donnais la date choisie, les gens m’annonçaient qu’ils ne pourraient pas être là, pour diverses raisons. J’ai fini par imaginer qu’on me préparait une surprise, un anniversaire surprise ! Finalement, il n’en était rien. Le jour de mes 30 ans, je l’ai passé en famille, avec ma « petite famille ». Quelques sms reçus, et voilà, fin de la fête.
Peut-être bien que ce nouveau statut a changé quelque chose. Peut être que je suis moins intéressante maintenant ? Je me pose souvent la question. Lorsque l’on vient me rendre visite chez moi, on trouve également le petit couple mère-fille, puisque je suis mère au foyer. Je n’ai plus d’amis de fac, les études sont finies. Pas de collègues, j’ai choisi d’être à la maison avec ma fille. Mes sujets de conversation sont sans aucun doute moins « palpitants » !
Bien sûr, les amitiés vont et s’en vont, certaines seront présentes tout au long de la vie, d’autres ne sont que de passage. Les rôles ont changé avec les années, tout évolue et l’amitié suit ce rythme. Ou elle ne survit pas.
Des amis sont toujours là, moins présents mais là.
D’autres sont entrés dans ma vie, en même temps que la maternité, dès ma grossesse parfois. Parce que l’on s’est retrouvés en tant que parents tout « neufs », sur les mêmes sujets de discussion. Les mêmes questionnements. Les mêmes confidences joyeuses, exaspérées, étonnées de parents. La raison d’être de ce « blog de maman » se trouve très certainement dans cette envie de partager, avec des personnes qui peuvent me comprendre.
Maternité et amitié, ça rime presque. Mais pas tout à fait. Il y a un « i » en plus. Comme la place que chacun doit retrouver dans cette nouvelle configuration, se retrouver autrement pour faire perdurer ce lien.
Les liens amicaux font des allers-retours, c’est certain. En même temps que l’on grandit. Un déménagement, un nouveau mec, une naissance et on se voit moins, on ne prend plus le temps de se donner des nouvelles. Sans doute que lorsque ces amis deviendront à leur tour parents, cela changera encore une fois la donne. Je serai là.
Il suffit parfois d’un coup de fil pour retrouver l’amitié là où on l’avait laissée.