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« L’enfant de quelqu’un »

« Somebody’s child » c’est comme ça que t’ont nommé les journaux.

Moi, je préfère t’appeler par ton prénom Aylan.

Tu es parti avec ta maman, ton papa et ton grand-frère de la ville de Kobané, pour rejoindre l’Europe.

Enfin, ce qu’il restait de Kobané.

Avec au bout, l’espoir du Canada, où ta tante vous attendait.

Tu avais sans doute un doudou avec toi, parce que quitter son pays, sa maison, sa famille, parce que ce long voyage quand on a à peine 3 ans, c’est effrayant.

Tu es monté à bord d’une embarcation de misère, de nuit.

Tu n’as pas dû tout comprendre.

Mon cœur se déchire d’imaginer ta peur.

Et c’est tellement rien d’imaginer…

Pourquoi toutes ces personnes que tu ne connais pas, avec toi ?

Pourquoi ta grand-mère n’est pas avec vous ?

Mais c’est où la Grèce ?

Pourquoi le bateau tangue autant ?

N’écoute pas ceux qui disent des bêtises.

Que c’était inconscient, que vous auriez mieux fait de rester chez vous, « parce qu’on ne peut pas accueillir toute la misère du monde ».

Ne les écoute pas.

J’aurais fait la même chose que tes parents.

J’aurais tout fait pour fuir un pays où règne le chaos et la mort.

J’aurais tout fait pour protéger ma fille.

TOUT.

200 000 morts.

Mourir tout de suite ou un peu plus tard ?

C’est pas un choix, ça.

Je pense à toi Aylan, à ton frère Galip et à ta maman.

A vous, « l’humanité échouée ».

Je pense à ton papa, qui a survécu et qui doit crever de vous avoir perdu.

Tu as 3 ans Aylan.

Tu pourrais être mon petit, mon tout petit.

Tu as 3 ans.

Pour toujours.

Et c’est insoutenable.

*