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Écologie : Conviction, engagement et tolérance

Il y a près d’un an, j’avais suivi un débat qui avait bien dégénéré sur les réseaux sociaux au sujet du zéro déchet et du pouvoir d’achat… Chacun étalait son point de vue et argumentait. Tous les arguments avancés étaient intéressants, et le débat valait le coup d’être lancé. D’un côté la nécessité d’une meilleure consommation, plus raisonnée et respectueuse. De l’autre, la réalité économique qui ne permet pas à tous de consommer mieux.

Hélas, les jugements sur les actions des uns et des autres ont rapidement fusées ! Les bobos déconnectés du vrai monde ! Les prolos qui ne pensent qu’à leur ascension sociale par la surconsommation ! Chacun campait sur sa position sans essayer de comprendre les arguments des autres. Ce qui aurait pu être un débat intéressant et constructif, ne fut qu’un vrai dialogue de sourd !

J’avais commencé à rédiger ce billet à la suite de ce débat, mais je n’avais jamais pris le temps de finir de le rédiger. Pour autant, l’autre jour je fouinais dans mes brouillons et je suis retombée dessus. J’ai choisi de le reprendre, parce que ça me tient à cœur. L’éveil des consciences à l’écologie ne se fera pas sans compréhension ni tolérance.

J’ai toujours été un peu l’avocat du Diable. Même si j’ai une opinion bien tranchée sur un sujet, je cherche toujours à comprendre pourquoi les autres pensent autrement. J’admets que ce qu’il y a de mieux pour moi, ne l’est pas forcément pour d’autres. J’essaie de comprendre et d’être tolérante. Et puis parfois, je réalise que je fais plus ou moins fausse route.

Une leçon d’écologie en Tunisie

Il y a déjà 8 ans, j’étais en Tunisie et je découvrais avec horreur un pays recouvert par les ordures. Je n’exagère pas, il y avait des déchets absolument de partout ! Et tandis que je me disais qu’une petite leçon d’écologie ne ferait pas de mal aux tunisiens, je me suis pris une putain de leçon dans la tronche. Nous étions en train de bavarder devant la maison de l’oncle à l’homme quand nous avons croisé la voisine. Elle est sortie de chez elle avec son bidon de lessive vide et son sac en plastique. Elle est partie au hanout. Elle a tendu son bidon à l’épicier, il l’a rempli à partir d’une énorme cuve remplie de lessive ! Ce que l’on peine à mettre en place en France est la normalité ici !

En Tunisie, on ne fait pas les courses en avance, on achète en fonction de ses besoins dans l’épicerie en bas de la maison. Ainsi, on utilise peu les voitures. Il n’est pas rare qu’on aille plusieurs fois dans la journée faire des courses. On utilise peu de sac, on réutilise les contenants, on ne gaspille pas ou peu. Les restes et épluchures vont aux animaux. Même en ville il y a des poules. En Tunisie, il y a peu de surconsommation. Les enfants n’ont pas de jouets par milliers. Les gens achètent souvent leurs vêtements en friperie. On ne passe pas son temps à refaire son intérieur pour qu’il suive les dernières tendances. On privilégie le solide, l’intemporel.

Alors bien sûr, tout cela est du à leur pouvoir d’achat qui est nettement inférieur au notre. Mais en définitive, qui aurait le plus besoin d’un cours d’écologie ? Celui qui consomme peu ou celui dont les poubelles dégueulent ? Alors bien sûr, si les tunisiens n’avaient pas le reflex de tout jeter par terre ce serait mieux. Mais je me suis pris une bonne claque dans la tronche. Ce voyage m’a appris à balayer devant ma porte avant de juger ! Les plus gros pollueurs, ce ne sont pas eux, c’est nous !

Est-ce que bien consommer est à la portée de tous ?

En France, de nombreux ménages surconsomment encore, et mal en plus ! Mais Je suis heureuse de constater que de plus en plus de personnes cherchent à mieux consommer, privilégient la qualité à la quantité. Mais bien consommer, ça coûte cher… Quoi qu’on en dise, non ce n’est pas à la portée de tous… Il n’y a qu’à voir le prix des fruits et légumes dans les supérettes bios ! Et l’achat direct auprès du producteur n’est pas toujours évident quand on vit en ville.

Nous avons acheté il y a 8 ans et demi dans cette ville que nous ne connaissions pas. Je vis dans une résidence récente qui borde un grand parc de 7 hectares. Sur le papier, un cadre parfait ! Mais j’habite en quartier, l’école de ma fille est en REP, ma résidence est de bon standing mais les HLM sont à portée de fenêtre. De ces voisins un peu éloignés, je ne savais pas grand chose avant que Lily J ne soit scolarisée. Et puis j’ai rencontré des familles qui ne partent pas en vacances, qui sont mal soignées, et certaines même qui ne mangent pas à leur faim. Ces derniers sont des cas marginaux, mais ils sont bien plus nombreux que ce que j’aurais cru.

En 2017, en France, il y a des familles, logées, mais qui ne mangent pas à leur faim. Alors c’est bien beau de leur dire qu’ils bouffent de la merde. Mais, il faut se nourrir ! Alors ils font ce qu’ils peuvent…

Consommer mieux quand on le peut !

Mais même sans aller jusqu’à ces extrêmes, sous prétexte de nos convictions, devons-nous aller jusqu’au bout de notre engagement ? Je m’explique : Comme je l’ai dit, je suis convaincue que nous devons consommer mieux. J’essaie d’acheter un maximum de produits biologiques et surtout, j’évite de surconsommer. On ne gaspille quasiment rien à la maison, on finit les restes ! Manger un yaourt périmé ou un légume ridé ne nous effraie pas. Nous remplaçons nos appareils high-tech que lorsqu’ils ne fonctionnent plus (et avant ça, on essaie de les réparer, l’homme est un dinguo du fer à souder). J’utilise des produits d’entretien naturels, faits maison par mes soins pour certains. De plus, cela fait près de 7 ans, que j’achète peu de vêtements (on est sur un budget de 200€ par an, fringues et chaussures comprises). Au début ce n’était pas par conviction, mais à cause de ma grossesse. Mais en définitive je m’en suis bien accommodée. Tout ça pour dire que je suis convaincue qu’il faut consommer mieux et que j’essaie de le faire au quotidien.

Sauf que parfois, on voudrait bien, mais il est compliqué de consommer mieux. Je me souviens d’un mois où j’avais des rendez-vous en clientèle à honorer et je ne voulais pas me présenter là-bas avec mes vieux habits. Mes chaussures de ville étaient abimées, et je n’avais plus de vêtements un peu professionnels. Je reprenais ma vie professionnelle et je voulais bien présenter. Alors, je me suis offert deux blouses, des collants, une paire de ballerine, une jupe, un sac à main et des boucles d’oreille fantaisie. Le tout pour 100€, parce que je ne pouvais pas me permettre plus ! Alors vous pensez bien qu’avec un budget pareil, j’ai fait mes emplettes à Kiabi, C&A et Camaïeu ! Pas vraiment de la consommation éthique !

Mais je n’avais pas les moyens de m’offrir tout cela chez des marques irréprochables dans un délai si court. Je fais au mieux, en fonction de mes besoins et de mes moyens. Je ne vais pas me présenter avec des godasses défoncées chez un client sous prétexte que je n’ai pas pu m’offrir une paire made in France. Après, on peut me dire, oui mais tu es souvent en vadrouille ! Je peux rester chez moi, m’acheter une paire de ballerines made in France, mais je n’ai pas signé pour la vie monacale ! Comment voulez-vous encourager les gens à aller vers une meilleure consommation, s’ils doivent sacrifier tous leurs loisirs pour se payer des chaussures !

S’encourager plutôt que se critiquer

C’est une des raisons pour lesquelles je n’aime pas me donner d’étiquettes. Je ne me revendique pas zéro déchet, ni même écologiste, ni même quelque autre appartenance. La seule que j’accepte, c’est celle d’humaine imparfaite ! Tu commences à dire que tu veux mieux consommer et on te renverra dans la tronche le moindre écart ! Je fais ma lessive, mais j’achète mon adoucissant (même pas bio en plus) ! On est d’accord, de prime abord ça n’a aucun sens ! Mais je n’ai pas trouvé de recette d’adoucissant qui me convienne, l’eau est vraiment très dure dans ma ville. Je n’ai pas non plus trouvé d’adoucissant bio qui me plaise… Ils ont cette odeur que je ne supporte pas, comme 99% des adoucissants ! Bref, systématiquement on me dit que ça ne sert à rien de faire ma lessive si j’achète de l’adoucissant cracra ! Je ne suis pas d’accord, un pas reste un pas.

Dans la même idée, tu dis qu’il faut consommer moins de produits d’origine animale, parce que ce n’est pas bon pour l’environnement. Et on t’emmerdes parce que tu n’es pas végan, ni même végétarien ! Je mange à peu près 500g de viande (poisson inclus) par semaine, soit 3 fois moins que la moyenne française. 500g par semaine, c’est ce qui est recommandé par les nutritionnistes. Juste en respectant cette règle simple, la France pourrait diviser sa production de viande par 3. A mon échelle, je consomme 50kg de viande en moins que la moyenne française, tout comme l’homme. A nous deux, c’est donc 100kg de viande de consommée en moins tous les ans ! Ce sont les petites actions qui mises bout à bout permettront de grandes choses. Le tout, c’est de ne pas se contenter du minimum et d’essayer de faire toujours mieux.

L’être humain est par essence imparfait, soyons un peu tolérant et encourageons-nous ! Soyons dans une démarche positive plutôt que négative.

Je pourrais encore aller plus loin, parce qu’il y a encore tant à dire, mais j’ai peur d’avoir déjà perdu quelques lecteurs ! Je conclurai en disant que c’est important d’avoir des convictions, mais il ne fat pas oublier que notre réalité, n’est pas forcément celle de notre voisin. Par ailleurs, acceptons que nous n’ayons pas tous le même degré d’engagement. Et enfin, plutôt que de se voler dans les plumes, aidons-nous et construisons ensemble !

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