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« Les voitures, c’est pas que pour les garçons ! »

Ma fille a une grande passion. La folie des voitures, tracteurs, camions et autres engins de chantier. A deux ans et demi, elle connaît le nom de chacun ces véhicules, et peut décrire avec précision les éléments d’une tractopelle ! Notre salon s’est transformé au fil des mois en garage grandeur nature pour voitures minuscules.

Les personnes qui découvre la passion de ma fille sont souvent amusées, parfois étonnées. Et de temps en temps, on me fait comprendre qu’une petite fille qui joue avec des « jouets de garçon », ce n’est pas tout à fait normal. Comme cette responsable d’un magasin de jouets, qui trouvait tellement « étonnant » que ma fille veuille un camion de pompiers…Qu’elle nous a envoyés au rayon Poupons & Poupées : « parce qu’une petite fille préfère jouer à la maman ! ».

Sommes-nous si formatés ?

C’est (presque) de façon innée que l’on offre des baigneurs aux petites filles et des voitures aux garçons. Inconsciemment ou non, je projette aussi des stéréotypes sur mon enfant parce que c’est une fille. Et je l’ai déjà fait lors d’une naissance, en penchant plus vers une couleur par exemple, lors du choix du cadeau.

Mais ce qui m’étonne, c’est l’incapacité de certaines personnes à sortir de ces stéréotypes.

J’ai en tête, une après-midi passée en famille à la fête foraine.

Ma fille avait joué à une pêche aux canards. Vient le moment de choisir son lot. La jeune femme qui tenait le stand nous montre parmi quels jouets ma fille peut faire son choix. C’était le côté gauche du stand, manifestement dédié aux petites filles : plein de rose et de paillettes, de poupées et d’accessoires divers très girly. Ma fille pointe du doigt un tracteur vert, qu’elle avait repéré depuis le début. La jeune femme fait mine de ne pas comprendre, je lui dis alors que ma deux ans adore les tracteurs. Sa réponse m’a sidérée.

« C’est pas pour les petites filles ! Tu ne préfères pas une peluche ? Tiens, celle-là ! ».

Oui, sur le coup, je n’ai pas su quoi répondre. Mais nous sommes bien repartis avec le tracteur sous le bras, et ma fille joue encore avec aujourd’hui.

La voiture est peut-être plus qu’un véhicule à quatre roues pour ma fille !

Peut-être que certains adultes ont oublié la puissance imaginaire du jeu, du jouet, et le réduisent à sa réalité, à sa qualité d’objet.

Les petites voitures s’animent entre ses mains, elles semblent se raconter des histoires et vivre pas mal de péripéties ! Elles se disent « bonne nuit » et mange même du chocolat.

Non, jouer avec un camion de pompier lorsque l’on a 2 ans et que l’on est une fille ne révèle rien d’étrange, d’anormal ou autre. Pas plus qu’aimer s’amuser avec une Barbie pour un petit gars. N’est-ce pas en multipliant les activités ludiques qu’un enfant construit une partie de son identité, faite de part féminine et masculine à la fois ?

Refuser à un enfant l’accès à un jouet parce que la société l’a genré, n’est-ce pas là qu’est le problème ?

Pour son anniversaire, ma fille avait jeté son dévolu sur…

Une petite ambulance blanche et rouge ! Des invités ont prévenu qu’ils réservaient ce cadeau. Ma fille a déballé avec hâte le papier cadeau et a découvert une ambulance rose (avec des petits coeurs). Parce que « quand même, la rose était plus jolie ». Certes ma fille aime toutes les couleurs, aucune n’a sa préférence, ce n’est donc pas un problème. Mais j’ai bien senti que le choix du jouet avait gêné l’invité car ce n’était pas assez « fille ».

Ma toute petite a bien le temps d’être influencée par les copines de l’école, la publicité, les propos des autres… Mais pour l’instant, face à un rayon de jouets débordant de poupées et de mignons animaux à peigner, elle se tourne volontiers vers celui rempli de voitures et engins en tout genre !

Pourquoi vouloir sexuer un jouet…

En l’attribuant d’office à un garçon ou une fille ? Ou exclusivement à l’un des sexes… Pourquoi inciter un enfant à choisir tel jouet plutôt qu’un autre ? Alors que spontanément, il ira juste vers celui qui lui plaît.

Ma fille n’a que deux ans, elle ne se rend pas compte des étonnements parfois suscités ou des remarques lancées devant elle – et tant mieux – .

L’été se termine et déjà, on voit passer les nouveautés pour Noël. Cet hiver, au pied de notre sapin, ma fille trouvera sans doute de nouvelles petites voitures. Oui, car les voitures, « c’est pas que pour les garçons ! »

Laisser aux enfants le bonheur de s’amuser en toute liberté, c’est ça qui est important, non ?